Réveil tout doux dans notre lit de pygmée (décidément la largeur 140 c’est pas l’idéal). Il est l’heure de quitter notre nid de luxe ; nous nous attelons mollement au bouclage des valises.
La bonne nouvelle c’est que la lessive d’hier soir est complètement sèche ; c’est donc dans des effluves de fleurs printanières des alpages fleuris que nous grimpons dans notre caisse, direction Nanaimo.
Au risque de me répéter, le plaisir de conduire ici est intense. D’abord parce que les chaussées sont très larges (il faut pouvoir laisser circuler des camions qui peuvent contenir 5 fois l’appartement de Valentin) mais aussi parce que la signalisation et le marquage au sol me semblent plus clairs et donc plus sécurisants qu’en France. Le long de la route se succèdent espaces sauvages et bâtisses typiques ; c’est tellement dépaysant ! Enfin, cerise sur le cheesecake : la beauté ridiculement magistrale des camions, pick-up et autres monstres motorisés que nous croisons : rutilants et fiers, nous hallucinons sur leurs tailles gigantesques et nous mirons dans des carrosseries ou des enjoliveurs impeccables, ils sont fous ces canadiens.




À l’arrière, Stone et Charden nous interrogent, pour la 14ème fois depuis la petite heure que nous roulons : on mange quand, et quoi, mais surtout quand ? Il est 11h et il faudrait songer à les nourrir : après tout ils sont en pleine croissance. Val, plus particulièrement, se dit en état de malnutrition sévère ; ce pauvre enfant nous tire presque des larmes (non). Arrêt dans une cantine de bord de route de la chaîne Tim Hortons, où nous déjeunons gaillardement, car le prochain gueuleton sera le dîner.


Quelques kilomètres plus tard, nous arrivons sur le lieu de notre rando du jour : Ammonite Falls, un sentier de près de 6 km dans la forêt débouchant sur une jolie cascade. Nous nous disons que cela sera parfait pour digérer le casse-croûte de Tim Hortons et, espérant avoir la chance de croiser un ours (mais de très loin), nous nous élançons sur le sentier bien balisé.







Ça monte et ça descend quand même vachement, car le chemin nous emmène à plusieurs reprises au bord de l’eau au fond des gorges ou au sommet de la petite montagne. Quelques pauses sont nécessaires avant que nous puissions aborder la cascade. Celle-ci est un peu rachitique, été oblige, mais l’endroit est quand même splendide.


Nous nous reposons un instant au pied de la cascade, bavardant avec une canadienne qui randonne avec ses 4 gros chiens baveux et sympathiques, puis repartons, un peu dépités à l’idée de devoir remonter toutes les côtes et escaliers descendus à l’aller. Soudain, Matthieu a une idée de génie : si nous suivions le cours de la rivière, nous nous épargnerions une montée/descente, c’est sûr c’est un super raccourci, aller venez on y va. Pour s’être un bon millier de fois pété les dents sur des idées de génie comme celle-ci, nous hésitons un peu : les raccourcis de Matthieu nous rallongent parfois considérablement et, lorsque nous sommes totalement perdus, nous nous engueulons alors copieusement. Mais le lieu est tellement agréable et si propice à cette bébé-aventure que nous acceptons ce challenge que nous savons pourtant perdu d’avance.

Et nous voilà partis hors des sentiers balisés. Les abords moussus du petit torrent révèlent une jolie palette de verts, selon qu’ils soient baignés du soleil de midi ou non. De hautes fougères, des érables et des cèdres rouges encadrent la vallée, et de petits plants de myrtilles sauvages poussent çà et là. Sous nos pas la roche est extrêmement glissante ; Lilix et Matthieu en feront les frais en dérapant et en se mettant qui le pied, qui le cul dans l’eau.



Il nous faut souvent enjamber le cours d’eau, et parfois retirer nos chaussures pour progresser. L’eau est si froide qu’elle nous brûle les mollets mais c’est tout de même bien agréable. Et puis, au détour d’un virage, le petit torrent plonge en à-pic sur 4 ou 5 mètres dans une large piscine naturelle. Impossible pour nous de continuer ; nous ne sommes pas équipés pour. Déçus, car nous commencions à croire en la réussite de notre entreprise, nous rebroussons chemin, remontant le cours du torrent puis gravissant la première volée de ces impitoyables escaliers en bois massifs (sans lesquels, il faut le dire, notre excursion n’aurait pas été possible).
En haut de la première grosse montée, face aux longues et déchirantes et permanentes et suraiguës plaintes de Lilix, nous décidons de nous séparer : les kids optent pour un chemin plus doux (bien qu’un peu plus long) les menant à un autre parking que celui où patiente notre carrosse quand nous, les darons, reprenons l’ardu chemin en sens inverse. Nous tâcherons, une fois dans notre voiture, de retrouver le plus rapidement possible le parking où doivent nous attendre les enfants ; rendez-vous, si tout se passe bien, dans une petite heure, dans un endroit pour l’instant inconnu de nous quatre. Évidemment, Matthieu et moi ne sommes pas des monstres, alors nous dispensons aux enfants les élémentaires conseils de sécurité : s’ils se perdent, ils doivent suivre des inconnus et monter dans leurs voitures, être gentils avec eux, essayer de se rendre indispensables dans leur nouvelle famille et mener une vie longue et heureuse. Sur ce, les kikis, à tout à l’heure.
Le chemin du retour en amoureux est fort agréable et, finalement, pas si harassant que ça. Nous avons en outre la chance de voir de très près une couleuvre à rayures, une espèce inoffensive et commune dans le coin qui a la particularité d’être la seule prédatrice du triton rugueux, une bestiole extrêmement toxique dont le contact est mortel (même pour l’Homme).


Après cette balade assez sportive de 6 bornes, nous récupérons sans problème Pincemi et Pincemoi, azimutés sur leurs portables car ils ont réussi à dégoter un wifi en pleine forêt… Sans trop savoir s’il faut en tirer fierté ou déception, nous rallions Nanaimo pour prendre possession de notre chambre.
Nanaimo est la « deuxième » ville de l’île de Vancouver mais ne casse pas franchement des briquettes. Selon notre guide, l’intérêt du bled se situe dans les espaces naturels qui l’entourent et dans la célèbre friandise qui porte son nom. Il s’agit d’une barre sucrée composées de trois couches : une base de gaufrette émiettée, une couche de crème, le tout recouvert d’une épaisse ganache de chocolat.

Nous prenons possession de notre chambre d’hôtel vers 16h et bullons le restant de l’après-midi.
Quand nous remettons le nez dehors, nous décidons de rallier le centre-ville en nous demandant ce qui nous attend. Habitués aux bourgades cosy et coquettes, nous ne savons trop où aller dans cette ville moins touristique. Au pif, nous nous garons sur le parking bondé d’un centre commercial et déambulons au hasard des rues. Surprise : nous tombons sur la fête du centre-ville, où se succèdent dans une demi-douzaine de rues piétonnes bondées des stands d’objets, de nourritures et d’activités super sympas.







Nous dînons dans un resto où nous goûtons la Nanaimo bar, servie ici en mode cheesecake : ça ressemble à un Kinder Pingui en plus riche. « C’est bon mais ça casse pas 3 pattes à un connard » : telle sera l’impitoyable sentence du gourmet Toto.

Retour à l’hôtel pour la douche salvatrice. Nous regardons sur une antique télévision un talk-show québécois en essayant en vain d’en imiter l’accent et nous endormons paisiblement, la tête pleine de jolies images.

bravo les sportifs, la nature est splendide. Par contre je suis comme JM, la nourriture me fait fuir 🤢
On ne peux pas dire que l’on n’aime pas sans avoir goûté !